« Sieur Ardyn, je crois que cela vous intéressera. » expliqua Benedict, un assesseur de la magistrature, en déposant un exemple de l'annonce du royaume voisin sur l'écritoire de son Magistrat.
Maelan en entreprit la lecture avec l'habituel désintérêt qu'on lui connaissait. Cependant, au fur et à mesure qu'il parachevait sa lecture, son regard ordinairement calculateur et austère céda place à quelque chose d'inhabituel à l'homme d'un naturel stoïque. Ce n'était pas de l'indignement, car après tout, il était fonctionnaire et la fête de Norbois n'était pas la sienne, mais bien de la stupéfaction qu'on pouvait lire dans les yeux du Magistrat impressionné.
À mi-voix, il commenta : « Réponse coup sur coup, une répartie implacable, de la moquerie bien dosée... Le Skornave disposerait donc de rhétoriciens. Quel regret qu'ils soient tenus si loin des affaires d'état et qu'on y préfère les employer à la rédaction de banales trivialités. Selon toute vraisemblance, ce n'est pas demain que mon champ de bataille deviendra plus intéressant que celui du Ser Lorentz, mon cher Benedict. Enfin... qui sait ? » avant de s'en remettre à la sempiternelle administration des affaires du Grand Piedmont.