Dossier ficelé pour l'Ordre des Marchands

Un dossier fut remis à l'Ordre des Marchands. On fit savoir que la suite viendrait, mais qu'il fallait encore du temps. On ne s'excusa pas des délais et on signala que toutes plaintes, s'il y en avaient, devaient être acheminées à Bréöc. Des plaintes, il ne pensait pas en recevoir, et encore moins s'il faisait savoir qu'il les attendait de pied ferme, se dit-il.

Citation :

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- Des gau... gau... ! Des gau... gau... ! Des goélettes !, s'exclama le gabier.

Et nous les pourchassâmes des jours et des nuits durant. Nous eûmes finalement ordre de les laisser nous distancer, suffisamment pour qu'ils croient nous avoir semer. Tactique de vieux loup-de-mer, ah ! Ils nous menèrent malgré eux à une île, non répertoriée sur nos cartes. On comprit, au travers des hurlements, que les insulaires nommaient cette île "Onarum". Après notre passage, il ne resta plus âme qui vive pour prononcer ce nom : nous nous en assurâmes.

- Auteur anonyme, mais probablement Khazar vu la violence des évènements décrits

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[Le récit se poursuit, mais on devine que la transcription est tronquée, les passages décrivant le massacre des insulaires n'ayant pas été reproduits. L'emphase est plutôt mis sur la description des lieux : des fours de verriers, des cargaisons complètes d'un métal gris-argent, des plages de sables fins à perte de vue, une étrange substance caoutchouteuse provenant des arbres, et bien d'autres. Le récit se poursuit avec une description  de l'île : la faune, flore, le climat, mais également des étranges constructions primitives dans lesquelles les insulaires semblaient vivre. Et des objets qui détonaient avec l'aspect archaïque des lieux : des vaisselles et ustensiles jamais observés auparavant, de la poterie aux couleurs immaculées et... ces curieux cercles métalliques qui réfléchissaient à la perfection toute lumière qui frappait sa surface. Comment ce peuple reculé avait-il pu créer de si précieux objets ? Vous revisitez le récit et constatez que ce peuple ne devait pas être sur reclus s'il recevait des cargaisons. Un métal gris-argent, malléable : s'agissait-il d'étain ?

Vous avez trouvé les ingrédients que vous cherchiez, pensez-vous. Mais vous êtes bien conscient qu'il ne suffit pas de réunir un bœuf et une marmite pour faire un ragoût : il vous faudra expérimenter.]

Citation :

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*** Jour 47, tentative treizième avec un cœur de flamme

Le fournaise installée en son centre, là où l'on retrouverait normalement le cœur, ne permet pas d'obtenir les résultats escomptés. Les rouages, bien qu'ils se meuvent du fait d'un mécanisme complexe alliant production de chaleur et dilatation des métaux, ne suffisent pas à animer la créature. Fâcheux, qui est plus, que la chaleur intense sèchent et cuisent l'argile, bloquant ainsi tous les engrenages.

J'aurais dû écouter mon père lorsqu'il me disait : "Oscar, le rêve que vous chérissez n'est que cela : chimères. Jamais créature créée de mains d'hommes, et des vôtres de surcroît, ne sauraient s'animer d'elle-même." J'irai voir l'alchimiste du village demain. Peut-être est-ce là la solution ?

- Vazimol, O.

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[La suite du journal n'est qu'une série d'expérimentations, très nombreuses, mais toutes invariablement suivies d'échecs. Puis vous arrivez à la dernière entrée du journal. Ce monsieur Vazimol se confie une dernière fois et affirme que toutes ses tentatives ont été des échecs. Et pourtant... Trois Lois, auxquelles tous Golems devraient se soumettre, y sont quand même édictées. Et quelques conseils sur la façon de "diriger" ces êtres sans vie. Mais quelle drôlerie que d'expliquer le fonctionnement d'un concept alors même que ce concept nous échappe ! Curieux, non ? Vous retournez aux pages précédentes : la solution est peut-être dans les expériences précédentes... mais laquelle !?! Il y en avait au moins trente-douze, si pas plus !]

Un stagiaire du Collège cogna aux portes de l'Ordre des Marchands. Il bégaya quelques mots : on voulait qu'un papier soit inséré au dossier qu'on leur avait remis précédemment.

Citation :

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Orfèvrerie : La technique prévaut sur la taille

Pigmenter de menus objets requiert une technique similaire, mais plus précise. Avez-vous déjà admiré les peintures de feu Pietro Pocassi ? Accrochées au mur, ces œuvres sont un délice pour l'œil. Mais approchez vous en et vous remarquerez les coups de pinceaux, la houle de la peinture qui crée reliefs sur la toile, le feuillage des arbres et les brins d'herbe recréés à la perfection lorsqu'on observe à quelques pas, mais si rudimentaires lorsqu'on s'y attarde de près. La clef pour la pigmentation des œuvres qui se veulent être observées de près est donc la minutie, et encore la minutie.

Vernissage et polissage

Autre élément à prendre en considération, les menus objets sont voués à être manipulés fréquemment. Ne lésinez pas sur le vernissage et conseillez qu'on vous ramène vos petites confections régulièrement pour que vous puissiez leur redonner leurs éclats d'antan.

- Auteur anonyme

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[À la lecture de l'extrait qui vous fut retranscrit, vous comprenez qu'il n'y a pas de secret particulier pour la pigmentation des petits objets. Il faut simplement augmenter le niveau de détail puisque ces objets sont plus susceptibles d'être observés à courte portée. La solution était sous vos yeux tout ce temps-là. Croyez-en vous et ne vous en remettez pas seulement aux livres. Ayez confiance en vous ! Devenez la meilleure version de vous-mêmes ! Transcendez les horizons ! Élevez votre conscience !!! Gniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiih !]

Le stagiaire revint au Collège avec un message pour Bréöc : la demande n'avait pas été bien comprise. Il ne s'agissait pas de pigmenter les menus objets, mais plutôt de travailler les différents fers colorés pour créer de menus objets.

Quoiqu'il en soit, il estimait que la réponse se trouvait de toute façon dans l'extrait envoyé. Du fer restait du fer, coloré ou non. La coloration provenait soit de la rouille, soit d'un autre métal mêlé au fer. Mais à la base, ça restait du fer. Il fallait le chauffer et le travailler comme n'importe quel fer. Le mot d'ordre restait donc le même : minutie. Le stagiaire courut à l'Ordre pour apporter ces précisions.

Un stagiaire à bout du souffle alla porter un papier à l'Ordre des Marchands. Même consigne : à insérer au dossier remis précédemment.

Citation :

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Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la poterie

Il existe trois façons connues et reconnues pour peindre sur de la poterie :

1. Sur poterie crue : Avec l'utilisation de l'engobe, soit deux parts de terre pour une part de pigment, peindre la poterie crue, puis cuir le tout ;
2. Sur poterie crue : À l'aide d'un papier fin, dessiner les contours à peindre. Poser le papier sur la poterie encore crue et tapoter le dessin avec un sac empli de poudre de charbon : une reproduction du dessin apparaîtra sur la porterie. Cuir à très haute température.
3. Sur poterie cuite : Écraser les pigments pour la rendre en poudre et munissez vous d'un petit couteau, d'une dose de solvant* et d'une dose de médium*. Mélangez le tout à l'aide du petit couteau et, avec un pinceau à pointe dure, gravez la pigmentation sur la poterie déjà cuite ;

* Disponible chez tout bon alchimiste.

- Laminu Téfacille, grande potière contemporaine


[...]

[La retranscription évoquait la façon de peindre la poterie alors que la requête était de comment peindre des sculptures. On devina que les mêmes méthodes pouvaient être utilisées pour l'un et pour l'autre, vice et versa, inversement et réciproquement.]

Qui sait, peut-être que dans un avenir lointain, nous pourrons obtenir toutes ces connaissances via des représentations différées de maîtres en la matière.

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